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enfin plus inſtruits par les obſervations microſcopiques qui nous ont découvert la génération des plantes, nos yeux ne peuvent s’ouvrir au grand jour de tant de découvertes, ſans voir, malgré la grande analogie expoſée ci-devant, que l’homme & la plante different peut-être encore plus entr’eux, qu’ils ne ſe reſſemblent. En effet, l’homme eſt celui de tous les êtres connus juſqu’à préſent, qui a le plus d’ame, comme il étoit néceſſaire que cela fût ; & la plante celui de tous auſſi, ſi ce n’eſt les minéraux, qui en a & en devoit avoir le moins. La belle ame après tout, qui ne s’occupant d’aucuns objets, d’aucuns deſirs, ſans paſſions, ſans vices, ſans vertus, ſur-tout ſans beſoins, ne ſeroit pas même chargée du ſoin de pourvoir à la nourriture de ſon corps.

Après les végétaux & les minéraux, corps ſans ame, viennent les êtres qui commencent à s’animer, tels ſont le polype, & toutes les plantes animales inconnues juſqu’à ce jour, & que d’autres heureux Trembleys découvriront avec le temps.

Plus les corps dont je parle tiendront de la nature végétale, moins ils auront d’inſtinct, moins leurs opérations ſuppoſeront de diſcernement.

Plus ils participeront de l’animalité, ou feront des fonctions ſemblables aux nôtres, plus ils ſeront généreuſement pourvus de ce don précieux. Ces êtres mitoyens ou mixtes, que j’appelle ainſi, parce