Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/75

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aux vaiſſeaux, ou qui ſe forment dans les entrailles de la terre.

Peut-être la formation des minéraux ſe fait-elle ſuivant les loix de l’attraction ; en ſorte que le fer n’attire jamais l’or, ni l’or le fer, que toutes les parties hétérogenes ſe repouſſent, & que les ſeules homogenes s’uniſſent, ou font un corps entr’elles. Mais ſans rien décider dans une obſcurité commune à toutes les générations, parce que j’ignore comment ſe fabriquent les foſſiles, faudra-t-il invoquer, ou plutôt ſuppoſer une ame, pour expliquer la formation de ces corps ? Il ſeroit beau, (ſur-tout après en avoir dépouillé des êtres organiſés, où ſe trouvent autant de vaiſſeaux que dans l’homme) il ſeroit donc beau, dis-je, d’en vouloir revêtir des corps d’une ſtructure ſimple, groſſiere & compacte !

Imaginations, chimeres antiques, que toutes ces ames prodiguées à tous les regnes ! Et ſottiſes aux modernes qui ont eſſayé de les rallumer d’un ſouffle ſubtil ! Laiſſons leurs noms & leurs mânes en paix ; le Galien des Allemands, Sennert, ſeroit trop maltraité.

Je regarde tout ce qu’ils ont dit comme des jeux philoſophiques & des bagatelles qui n’ont de mérite que la difficulté, difficiles nugœ. Faut-il avoir recours à une ame pour expliquer la croiſſance des plantes, infiniment plus prompte que celle des