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comme on l’a vu, porter la vie dans un grand nombre d’œufs.

Même ſtérilité encore, même impuiſſance des deux côtés : s’il y a eu de grains qui frappent le but, & ſoient vraiment féconds, peu d’animalcules percent l’œuf féminin. Mais dès qu’une fois il s’y eſt implanté, il y eſt nourri, comme le globule de poudre, & l’un & l’autre forment avec le temps l’être de ſon eſpece, un homme & une plante.

Les œufs, ou les graines de la plante, mal-à-propos appelés germes, ne deviennent jamais fœtus, s’ils ne ſont fecondés par la pouſſiere dont il s’agit ; de même une femme ne fait point d’enfant, à moins que l’homme ne lui lance, pour ainſi dire, l’abrégé de lui-même au fond des entrailles.

Faut-il que cette pouſſiere ait acquis un certain degré de maturité pour être féconde ? La ſemence de l’homme n’eſt pas plus propre à la génération dans le jeune âge, peut-être parce que notre petit ver ſeroit encore alors dans un état de nymphe, comme le traducteur de Needham l’a conjecturé. La même choſe arrive, lorſqu’on eſt extrêmement épuiſé, ſans doute parce que les animalcules mal nourris meurent, ou du moins ſont trop foibles. On ſeme en vain de telles graines, ſoit animales,