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donner du lait, comme Morgagni & tant d’autres en rapportent l’obſervation. Toute femme imperforée, ſi on peut appeler femme, un être qui n’a aucun ſexe, telle que celle dont je fais plus d’une fois mention, n’a point de gorge, c’eſt le bourgeon de la vigne, ſur-tout cultivée.

Je ne parle point du calice, ou plutôt du corole, parce qu’il eſt étranger chez nous, comme je le dirai.

C’en eſt aſſez, car je ne veux point aller ſur les briſées de Corneille Agrippa. J’ai décrit botaniquement la plus belle plante de notre eſpece, je veux dire la femme ; ſi elle eſt ſage, quoique métamorphoſée en fleur, elle n’en ſera pas plus facile à cueillir.

Pour nous autres hommes, ſur leſquels un coup d’œil ſuffit, fils de Priape, animaux ſpermatiques, notre étamine eſt comme roulée en tube cylindrique, c’eſt la verge, & le ſperme eſt notre poudre fécondante. Semblables à ces plantes, qui n’ont qu’un mâle, nous ſommes des Monandria : les femmes font des Monagynia, parce qu’elles n’ont qu’un vagin. Enfin le genre humain, dont le mâle eſt ſéparé de la femelle, augmentera la claſſe des Dieciœ : je me ſers des mots dérivés du grec, & imaginés par Linnæus.

J’ai cru devoir expoſer d’abord l’analogie qui regne entre la plante & l’homme déjà formés,