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dans l’homme la même nombreuſe ſuite de vaiſſeaux que Malpighi, Leuvvenhœk, van Royen, dans les plantes ? Le cœur bat-il dans tous les animaux ? enfle-t-il leurs veines de ces ruiſſeaux de ſang, qui portent dans toute la machine le ſentiment & la vie ? La chaleur, cet autre cœur de la nature, ce feu de la terre & du ſoleil, qui ſemble avoir paſſé dans l’imagination des poëtes, qui l’ont peint ; ce feu, dis-je, fait également circuler les ſucs dans les tuyaux des plantes, qui tranſpirent comme nous. Quelle autre cauſe en effet pourroit faire tout germer, croître, fleurir & multiplier dans l’univers ?

L’air paroît produire dans les végétaux les mêmes effets qu’on attribue avec raiſon dans l’homme, à cette ſubtile liqueur des nerfs, dont l’exiſtence eſt prouvée par mille expériences.

C’eſt cet élément, qui par ſon irritation & ſon reſſort fait quelquefois élever les plantes au-deſſus de la ſurface des eaux, s’ouvrir & ſe fermer, comme on ouvre & ferme la main : phénomene dont la conſidération a peut-être donné lieu à l’occaſion de ceux qui ont fait entrer l’éther dans les eſprits animaux, auxquels il ſeroit mêlé dans les nerfs.

Si les fleurs ont leurs feuilles, ou pétales, nous pouvons regarder nos bras & nos jambes comme de pareilles parties. Le nectarium, qui eſt le réſervoir du miel dans certaines fleurs telles que la tulippe,