Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.
XXXVIII.

Celui qui a regardé l’homme comme une plante, & n’en a gueres eſſentiellement fait plus d’eſtime que d’un chou, n’a pas plus fait de tort à cette belle eſpèce, que celui qui en a fait une pure machine. L’homme croît dans la matrice par végétation, & ſon corps ſe dérange & ſe rétablit, comme une montre, ſoit par ſes propres reſſorts, dont le jeu eſt ſouvent heureux, ſoit par l’art de ceux qui les connoiſſent, non en horlogers, (les anatomiſtes) mais en phyſiciens chymiſtes.

XXXIX.

Les animaux éclos d’un germe éternel, quel qu’il ait été, venus les premiers au monde, à force de ſe mêler entr’eux, ont, ſelon quelques philoſophes, produit ce beau monſtre qu’on appelle homme : & celui-ci à ſon tour, par ſon mélange avec les animaux, auroit fait naître les différens peuples de l’univers. On fait venir, dit un auteur qui a tout pensé & n’a pas tout dit, les premiers rois de Danemarck du commerce d’une chienne avec un homme ; les Péguins ſe vantent d’être iſſus d’un chien & d’une femme Chinoiſe, que le débris d’un vaiſſeau expoſa dans leur pays : les premiers Chinois ont, dit-on, la même origine.