Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.

On ne la voit point produire d’hommes ! Ne lui reprochons point ſa ſtérilité actuelle ; elle a fait ſa portée de ce côté-là. Une vieille poule ne pond plus, une vieille femme ne fait plus d’enfans ; c’eſt à-peu-près la réponſe que Lucrece fait à cette objection.

XII.

Je ſens tout l’embarras que produit une pareille origine, & combien il eſt difficile de l’éluder. Mais comme on ne peut ſe tirer ici d’une conjecture auſſi hardie, que par d’autres, en voici que je ſoumets au jugement des philoſophes.

XIII.

Les premieres générations ont dû être fort imparfaites. Ici l’œſophage aura manqué ; là l’eſtomac, la vulve, les inteſtins, &c. Il eſt évident que les ſeuls animaux qui auront pu vivre, ſe conſerver, & perpétuer leur eſpèce, auront été ceux qui ſe ſeront trouvés munis de toutes les pieces néceſſaires à la génération, & auxquels en un mot aucune partie eſſentielle n’aura manqué. Réciproquement ceux qui auront été privés de quelque partie d’une néceſſité abſolue, ſeront morts, ou peu de temps après leur naiſſance, ou du moins ſans ſe reproduire. La perfection n’a pas