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7^ Traite

fon exiflence ; m^is puifqu’on n’en a pas la moindre idée , ce util pas même un ei’c de raUon. ’ Après cela ;, il eft clair que les anciens ont dû facilement reconnoitre une force intrinfeque de mouvement au-dedans de la fubltance des corps ; puifqu’enfin on ne peut, ni prouver, ni concevoir aucune autre fubftarice qui agiffe fur elle. Mais ces mêmes auteurs ont en même -temps avoué , ou plutôt prouve’ , qu’il étoit impoiïîble de comprendre com ;-nent ce myftere de la nature peut s’opérer , parce qu’on ne connoît point l’eiTence des corps. Ne connoiffant pas l’agent , quel moyen en effet de pouvoir connoître fa manière d’agir ? Et la difficulté ne dcmeureroit-elle pas la même , en admettant une autre fubitance , principalement un être dont on n’auroit aucune idée, & dont on ne pourroitpas même raifonnablcment reconnoitre l’exiftence.

Ce n’eft pas aufïi fans fondement qu’ils ont pcnfé que la fubftance des corps, envifagée fans aucune forme, n’avait aucune aélivité, mais qu’elle ctoit îout en puijfànce. (i) Le corps liumain , par exemple, privé de la forme propre , pourroit - il exécuter les mouvements qui en dépendent ?De même, fans l’ordre & l’arrangement de toutes les partiriî de funivers , la matière qui les compofe pour ’-oit-elle ( r ) Totum in fieri.