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PRÉLIMINAI^RE. ^ î.

le vafle labyrinthe de Ton art : fans ce nouveau furplus de lumières , auxquelles il ne manquoit qu’une plus hcureufe application , l’efprit moins cultivé , plus étroit , n’auroit jamais pu découvrir toutes CQS chofes. Tant il efl : vrai que fuivant les divers ufages qu’en peut faire de la fcience des chofes par leurs effets ( car c’cft ainli que je voudrois la phiiofophie modeftement définie ) , elle a une infinité de rameaux qui s’étendent au loin &c femblent pouvoir tout protéger : la nature , en puifant mille tréfors dans fon fcin , tréfors que fon ingénieufe pénétration fiit valoir , & : rend encore plus précieux ; l’art , en exerçant le génie & reculant ks bornes de fcfprit hnmain. Que nous ferviroit d’augmenter les facultés de notre efprit, s’il n’en réfultoit quelque bien pour la fociété , fi l’accroiffement du génie & du favoir n’y contribuoit en quelque manière , dircde ou indirecte ?

Il n’eft donc rien déplus vrai que cette maxime ; que le peuple fera toujours d’autant plus aife à conduire , que l’efprit humain acquerra plus de force & de lumières. Par conféquent comme on apprend dans nos manèges à brider, à monter un cheval fougueux , on apprend de même à l’école des philofophes l’art de rendre les hommes dociles &c de leur mettre un frein , quand on ne peut les D 2