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heureux que fon maître. Cd toujours la nature qui agit feule, qui produit & conierve tous les phénomènes. Le choc des fubdances les unes fur les autres, fait tout, quoiqu’il ne foit pas décidé, s’il eft réel , ou apparent : car en général les Leibnitiens fe contentent de dire que nous ne pouvons juger que fur des apparences , dont la caufe nous eft înconoue. Tant de modeftie a de quoi furprcndre dans des philofophes fi hardis, fi téméraires à s’élever aux premiers principes , qui , cependant, djins l’hypothclé des perceptions Wolfienncs , dévoient au premier coup d’œil paroître incompréhenfibles. -

Il étoit, ce me femble , curieux & utile d’obfcrvcr , par quelles voies les plus grands génies ont été conduits dans un labyrinthe d’erreurs, dont ils ont en vain cherché l’ilTue. La connoiiïance du point où ils ont commencé à s’égarer, a fe féparer, à fe rallier, peut feule nous faire éviter l’erreur, & découvrir la vérité, qui efl fouvcnt li près d’elle , qu’elles fe touchent prefque. Les faute ? d’autrui font comme une ombre qui augmente la lumière ; & par conféquent rien r’eft plus important dans la recherche de la vérité , que de s’afTarer de l’origiae de nos erreurs. Le premier antidote eft la connoiflancc du poifon.

Mais fi tant de beaux génies fe font laifTé aveugler par l’crprit de fyftéme, l’écucil des plus grands