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avec lai. Les vaiiTeaux rapprochent leurs parois vides, ou font corps avec h liqueur defféchée ; tout iufquau cœur & au cerveau sollifieavec le temps ; les efprits fe filtrent à peine dans le cerveau & dans le cervelet, les ventricules du cœur n’ont plus qu’un foible coup de piiloii ; détaut de farg & : de mouvement, défaut de parcns & d’amis ^ qu’on ne connoit plus, défaut de foi-même, qu’on ignore. ïel ell lâge décrépit, la nouvelle enfance, la féconde végétation de l’homme, qui finit comme-il a commencé. Faut-il pour cela être mifantrope & meprifer la vie ? Non , fi on a du plaifir à iéntir, il n’efl : point de plus grand bien que la vie ; fi on. a fu en jouir , quoiqu’on en dife , quoique chantent nos poètes, (i) c’étoit h peine de naître^ de vivre & de mourir.

Vous avez vu que la faculté fenfitive exécute feule toutes les facukés intelîeftuelles ; qu’elle fait tout chez l’homme , comme chez les anim.aux ; que par elle enfin tout s’explique. Pourquoi donc demander à un être imaginaire plus diflingué, q% raifons de votre fupériorité4itr tout ce* qui refpire ? Quel bifoin vous faites vous d’une fubitance d’une plus haute origine ? Eil-ce qu’il eft trop hum.iliant par votre amour-propre , d’avoir tant d’efprit , (i) Rouffeau. Miroir de la vie.

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