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dirigent l’exercice : enfin pnilque les tliJoiogiens ont une ame (i fiîpérieure à celle des philofophes, qu’ils nous difent ec nous faiTent imaginer , s’ils peuvent , ce qu’ils conçoivent fi bien , l’efTence de l’ame, & fon état après la mort. Car non-feulement la faine & raifonnabîe philofophie avoue franchement qu’elle ne connoît pas cet être incomparable qu’on décore du beau nom d’ame , & d’attributs divins ,•& que c’eft le corps qui lui paroît penfer (i) ; mais elle a toujours blâmé les philofophes qui ont ofé affirmer quelque chofe de politif fur feiïence de l’ame, femblable en cela à cqs fages académies (2), qui n’admettant que des faits en phyfique, n’adoptent ni les fyftêmes, ni les raifonaemens des membres qui les corapofent.

J’avoue encore une fois qne j’ai beau concevoir dans la matière les parties les plus déliées , les plus fubtiles ^ & en vm mot la plus parfaire organifation , je n’en conçois pas mieux que la matière puiffe penfer. Mais, 1°. la matière fe meut d’elle-même’ (i) Je fuis corps ù je penfe. ( ro/t. lett. phil. fur l’ame. ) Voyez comme ’il fe rnoque agréablement du raifonnement qu’on fait da^ns les écoles pour prouver que la matière ( qu’on ne connoît pas } ne peut penfer. (2) Voyez la préface que M. de Fontcnclle a mife à la tête des. mémoires de l’acadivue des fciences.