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DE l’Ame. 149

pour l’un , font pour l’autre : il faut avoir moins de bon lens que les animaux , pour leur refufer des connoilTances.

Qu’on ne nous objecle pas que les fignes du difcernement des bétes font arbitraires , & n’ont rien de commun avec leurs fcnfations : car tous les mots dont nous nous fervons le font auili, & cependant ils agiffcnt fur nos ide’es, ils les dirigent , ils les changent. Les lettres qui ont e’té inventées plus tard que les mots, e’tant ralTembîées , forment les mots ; de forte qu’il nous eft égal de lire des caracT :eres , ou d’entendre les mots qui ea font faits , parce que l’ufage nous y a fait attacher les mêmes idées , antérieures aux unes & aux autres lettres , mots , idées ; tout eft donc arbitraire dans l’homme , comme d’ans l’animal : mais il eft évident , lorfqu’on jette les yeux fur la maîTe du cerveau de l’homme , que ce vifcere peut contenir une multitude prodigieufe d’idées, & par conféquenc exigent pour rendre ces idées, plus de fignes que les animaux. Ceft en cela précifémeat que confJle toute la fupériorité de l’homme. Mais les hommes & même les femm.es , fe moquent- elles mieux les unes des autres, que ces oifeaux qui redifent les chanfons des autres oifeaux, de manière à leur donner un ridicule parfait > Quelle différence y a-t-il entre l’ennint & le perroquet qu’on inftruit ? ne redifent-ils pas également