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dans ceux qui rêvent, ou qui font en délire , l’imagination donne de vraies perceptions ; ce qui prouve clairement qu’elle ne diffère point dans la nature même, ni dans fes effets Rir t fcnforium ^ quoique la multiplicité des idées , & la rapidité avec laquelle elles fe fuiverit , afî’oibliflent les anciennes idées retenues dans le cerveau , où les nouvelles prennent plus d’empire : & cela cfl vrai de toutes les imprelfions nouvelles des corps fur le nôtre. L’imagination eft vraie ou faulfe, foibleou forte. L’imagination vraie Vepréfente les objets dans un état naturel , au lieu que dans l’imagination faulfe, famé les voit autrement qu’ils ne font. Tantôt elle reconnoit cette illufion ; & : alors ce n’efl qu’un vertige , comme celui de Pafcal , qui avoit tellement épuifé par l’étude les efprits de fon cerveau , qu’il imaginoit voir du côté gauche un précipice de feu dont il fe faifoit toujours garantir par des chaifes , ou par toute autre efpece de rempart, qui pût l’empêcher de voir ce gouffre phantaftique effrayant , que ce grand homme connoiffoit bien pour tel. Tantôt l’ame participant à l’erreur générale de tous les fens externes & internes , croit que les objets font réellement femblables aux phantômes produits dans fimagination ; & alors c’eft un vrai délire.

L’imagination foible efl celle qui eft aufli lége-Tomc I. I