Page:La Messaline française, 1789.djvu/6

Cette page a été validée par deux contributeurs.

monstrations amoureuses envers la comtesse, que cela divulgua aux yeux des courtisans envieux, les mystères de leur amitié !… De ce jour, Marie-Antoinette plaça sous sa puissante protection une amie si chère ; elle l’obligea à venir habiter près d’elle, le palais même de Versailles.

Son mari fut nommé premier écuyer, et en 1780, le roi le fit duc héréditaire. L’amour de la reine ne fit que croître pour son ardente amie ; elle la fit nommer gouvernante des enfants de France ! son mari obtint la place de surintendant des postes ; dès lors, Marie-Antoinette passa une partie des journées auprès de sa Sapho ; celle-ci sut, de son côté, se maintenir dans les bonnes grâces de la reine ; elle était de toutes ses parties et de tous ses conseils, elle épiait tout, savait tout, et rapportait tout ; elle lui procurait des amants, les prenait ensuite pour elle, était la préférée parfois ; elle sut essuyer les pleurs de l’amante, pendant que quelques grisettes amusaient les amants ingrats ou fatigués. Elle parvint même à éclipser la princesse de Lamballe, jeune et fière savoyarde, aimable, séduisante par sa taille et sa figure, qui fut un instant la favorite par excellence, à ce point que de haute lutte, avec l’austère Turgot qui fut renvoyé, la princesse de Lamballe fut nommée surintendante de la maison de la reine, avec 400 000 livres d’appointements. Mais son règne fut de courte durée ; la faveur de la Polastron revint plus brillante que jamais ; la duchesse fut indiscrètement comblée de tout ce qu’elle voulut désirer, ainsi que le duc son mari. Elle fut soupçonnée des machinations attribuées à la reine dans les premiers temps de la révolution. On imputa aux Polignac de ne pas avoir été étrangers à la dilapidation des revenus de l’État ; la duchesse