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me parler de lui-même, il oublierait de me raconter les fredaines d’autrui.

Cécile.

Vous, Madame ? qui avez un ſi bon cœur, quel plaiſir trouvez-vous à entendre des médiſances, des calomnies le plus ſouvent, quand le Gazetier ſent que la vérité nue n’a pas aſſez de quoi intéreſſer ?

La Comtesse.

C’eſt pour la conſolation, Cécile, & non par méchanceté, que je me repais de tout ce qui ſe fait d’indécent & d’extravagant. Quel bien ne nous faiſons-nous pas quand, au cri de notre conſcience, nous oppoſons la certitude que d’autres ont fait encor pis que nous. Quelle force ne nous donne pas le ſentiment de leur faibleſſe ! Dit-on que j’ai eu, dans un