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reux. Elle eſt douce ; elle craint les ſecouſſes violentes. Elle ſe contente d’un bonheur bien rond, bien égal, tandis qu’il vous faut de ces criſes extraordinaires, fatigantes, qui balottent les gens de fond en comble dans les vaſtes chimères de la paſſion.

Le Chevalier.

Nouvel affront à l’amour. Des ſophiſmes à la glace…

La Comtesse.

Nouvel affront au bon ſens ! Une manière de prendre les choſes qui va vous cacher de plus en plus le chemin par lequel vous pourriez arriver à votre but. De quoi s’agit-il enfin ? De me plaire, n’eſt-ce pas ?

Le Chevalier.

Ou de mourir de chagrin.

La Comtesse.

Eh bien ! enthouſiaſte que vous êtes ! renoncez aux viſions. Soïez doux, confiant, ſans jalouſie, ſans envies ſur-tout, et tout le reſte ira pour le

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