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« Ma lettre, dites-vous, me convertit en insurgé ; le bon sens public en jugera différemment.

» Le langage d’un homme libre est-il donc chose si rare aux oreilles de vos commandants généraux qu’ils ne puissent l’entendre sans croire à la révolte ?

» Il suffit au commandant général d’avoir reçu la lettre dont vous parlez, pour qu’il m’adresse, par votre entremise, la menace de me traiter comme un pirate.

» Un pirate ! parce que j’aurai refusé d’échanger ma nationalité contre le droit douteux d’aller chercher à Arizona quelques poignées d’argent ! Un pirate ! parce que je refuse de faire, de mes compagnons, des soldats sans solde, sans vêtements, et soumis aux coups de bâton !

» Ma conscience porte légèrement cette menace et ma résolution ne s’en étonne guère !

» Vous supposez, colonel, au sujet de ma résistance, des idées, des projets que je n’ai point apportés dans ce pays. Vous me supposez des illusions que je n’ai pas. Il se peut que le général Blanco puisse m’anéantir en un clin d’œil ; cependant, colonel, les hommes que j’ai l’honneur de commander ne s’intimident pas facilement : les menacer, c’est les affermir dans la résistance.

» Comte de Raousset-Boulbon. »

Deux jours plus tard, M. Giménez revint à la charge, mais toujours avec des phrases ambiguës qui semblaient écrites bien plus pour irriter que pour convaincre. Comme tous ses compagnons, M. de Raousset était las de pourparlers inutiles. On allait quitter le Saric et retourner sur ses pas ; un accident retardait seul le départ. Le temps des ménagements était passé ; M. de Raousset répondit : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . « Quand un homme, investi d’un pouvoir et d’une responsabilité comme ceux du commandant général, ose inposer des conditions pareilles ; lorsque après avoir