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de pièces et de correspondances authentiques pour porter la lumière à flots sur notre expédition en Sonore.

» C’est à ce tribunal suprême que je compte en appeler.

» J’ai l’honneur d’être, Monsieur le gouverneur, etc.

» Comte de Raousset-Boulbon.

Le 16 septembre enfin, après dix jours d’attente, arriva une nouvelle lettre du colonel Giménez. Cette lettre n’apportait aucune modification aux exigences du général : elle ne discutait même pas les réponses du 28 août, elle n’ajoutait que d’irritantes menaces aux conditions proposées. D’après M. Giménez, le général Blanco pouvait anéantir les Français en un clin d’œil. Si l’on n’obéissait promptement, on devait s’attendre à subir, sans retard, le traitement réservé aux pirates.

Par le même courrier, le colonel faisait tenir clandestinement à M. Lenoir, premier lieutenant de M. de Raousset, une lettre confidentielle dans laquelle il l’excitait à s’emparer du commandement de la troupe, lui promettant les avantages ordinaires de la trahison. M. Lenoir remit immédiatement cette lettre à M. de Raousset, qui la lut à haute voix à ses compagnons. L’indignation de la compagnie ne connut plus de bornes. Pour la première fois, on cria : Aux armes !

M. de Raousset eut la plus grande peine à retenir ses hommes ; une vingtaine d’anciens gardes mobiles, surtout, ne voulaient rien entendre et demandaient à grands cris le combat. Il répondit au colonel : dans cette lettre, on sent déjà l’homme à bout de patience, obéissant aux mouvements tumultueux de son âme, plutôt qu’aux conseils prudents de la politique.