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flétri, sans plus de retard, la conduite indigne du colonel Giménez, cet infidèle agent de la compagnie Restauradora, qui venait ou de vendre ou d’abandonner lâchement les intérêts confiés à sa garde.

De ce moment, une résolution nouvelle du général pouvait seule empêcher une lutte sanglante ; M. de Raousset, en lui écrivant de traiter directement avec la compagnie, lui avait ouvert un dernier moyen de conciliation. La réponse devait apporter la paix ou la guerre.

En attendant cette réponse, les préparatifs de défense se poursuivaient avec activité. Le petit camp était plein d’ardeur guerrière. Les volontaires qui n’avaient pas servi s’exerçaient au maniement des armes ; on montait deux pièces de bronze dont le boulet pesait trois livres ; on fabriquait des lances ; on se préparait enfin dans la perspective d’un combat qui semblait inévitable.

Nous devons à l’obligeance de M. de *** la communication de la lettre suivante, datée du Saric : elle fait un tableau vif et animé de la vie du petit camp, et prouve que, malgré ces préoccupations et ces inquiétudes, M. de Raousset n’avait rien perdu de sa verve et de sa gaieté…

. . . . . . . . . . . . . « Depuis six semaines, nous campons au milieu des ruines d’une ancienne mission nommée El Saric ; les voûtes de l’église, belle autrefois, sont tombées sur le sol ; de vastes bâtiments achèvent de crouler autour des murailles éventrées. De quelque part qu’on se dirige, au nord ou au sud de ces ruines, d’immenses plaines, des vallées remplies de verdure, circulent autour des montagnes…… le roc dévoile partout aux regards émerveillés l’or, l’argent, le cuivre, le fer, le mercure mêlés au marbre. Un ruisseau rapide baigne le sol de ses eaux toujours fraîches. Des poissons délicieux y abondent, et, de distance en distance, les accidents de terrain produisent