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» 3o Ou enfin de réduire la compagnie à cinquante hommes, ayant un chef Mexicain responsable. Dans ce dernier cas, il serait permis de marcher tout de suite à Arizona pour reconnaître les mines, les dénoncer et en prendre possession au nom de la compagnie Restauradora. »

Un post-scriptum du colonel Giménez conseillait vivement l’acceptation de la dernière condition.

L’illusion n’était plus possible. M. de Raousset prit son parti aussitôt.

Il fit battre aux champs, et, devant la troupe assemblée, il donna lecture des conditions imposées par le général. Ensuite, pour que chacun restât libre d’agir comme il l’entendait, les trois conditions furent textuellement affichées sur un poteau au milieu du camp. Des vivres et des moyens de départ furent mis à la disposition de ceux qui désireraient quitter la compagnie. M. de Raousset déclara formellement ne vouloir engager personne avec lui, et la compagnie resta seule juge du parti à prendre. Elle ne fut pas longue à se décider.

Un immense éclat de rire accueillit l’ultimatum du général Blanco ; les enfants de Paris qui faisaient partie de la troupe retrouvèrent leur verve caustique et leurs lazzis parisiens ; le poteau fut qualifié de pilori, et le général de Malbrouk s’en va-t-en guerre ; pas une parole ne fut prononcée pour proposer l’acceptation, pas une voix ne demanda même la discussion des articles.

Pas un homme ne voulut profiter des facilités de départ et abandonner ses camarades ; tous demeurèrent fidèles les uns aux autres et liés dans le sort commun. La réponse de M. de Raousset au général renferme la plupart des griefs que nous avons énumérés, elle est fort