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En arrivant au Saric, M. de Raousset trouva la compagnie sous l’empire d’une violente agitation. La patience admirable dont elle avait donné tant de preuves s’était enfin lassée ; la mesure était comble ; tout le monde voulait une solution. Fût-elle des plus extrêmes et des plus violentes, il fallait sortir à tout prix de l’indécision contre laquelle on se débattait péniblement depuis trois mois. Ces hommes avaient quitté la Californie avec une foi vive dans la destinée qui les attendait en Sonore ; ils n’y rencontraient que des mécomptes. Après des fatigues courageusement vaincues, ils arrivaient à quelques lieues de ces mines dont le traité fait par M. de Raousset leur attribuait la propriété. Les vêtements, les souliers tombaient en lambeaux, les bourses étaient vides ; mais l’argent et tout ce qu’il procure existait à quelques pas dans la montagne. Une marche à faire, quelques jours de travail, et l’abondance succédait à leur misère. Tous le savaient !… tous savaient également que le gouverneur, le général, des députés, des magistrats, des banquiers, l’aristocratie enfin au profit de qui la Sonore est exploitée, les paralysaient systématiquement. Leur permettre de parvenir jusqu’au Saric et les arrêter sur la lisière même de leur propriété, n’était-ce pas une dérision ? À la dérision s’ajoutait la menace ; il est facile de comprendre l’amertume douloureuse, l’irritation, la colère contenue mais profonde qui, peu à peu, s’étaient amassées dans tous les cœurs.

Malgré les preuves d’entêtement tant de fois données par ses adversaires, M. de Raousset, obstiné dans sa patience, recherchait encore une solution pacifique. Bien qu’il se fut occupé de longue main de grouper des élé-