Page:La Madelène - Le comte Gaston de Raousset-Boulbon, sa vie et ses aventures, 1859.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XI

Nous ne raconterons pas comment, lors de son départ d’Hermosillo, la compagnie, volée et abandonnée par ses arriéros, se vit poursuivie jusque dans sa marche par mille taquineries perfides. Des vexations plus sérieuses l’attendaient au pueblo de Santa Anna, où elle parvint le 15 août.

Un aide-de-camp du général y avait précédé M. de Raousset, avec ordre de le ramener à Arispe, ainsi que le colonel Giménez, agent de la compagnie Restauradora. L’ordre se formulait ainsi : Défense de passer outre ; injonction de venir à Arispe immédiatement.

Les dispositions hostiles du général, son parti pris de lasser, d’irriter, d’expulser enfin les Français, éclatait dans un autre document adressé au département et signé Miguel Blanco. On y lisait ces lignes formelles, alternative forcée entre la honte et la révolte :

« J’exigerai que les Français renoncent à leur nationalité ; et s’ils s’y refusent, je les forcerai à se réembarquer. »

M. de Raousset fut révolté, comme on le pense ; mais, nourrissant encore un vague espoir que tant de vexations méthodiquement exécutées, provenaient moins de la méchanceté que d’une ignorance crasse ou d’un sot orgueil, quoique déjà malade et toujours nécessaire à ses hommes, il se résolut à faire le voyage d’Arispe, pendant que ses compagnons gagneraient seuls le Saric.