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quelques meneurs, et sous les avez signées par faiblesse ! Il y a parmi vous un homme qui m’a calomnié personnellement. Cet homme, c’est vous, monsieur D… Sortez des rangs !

» Vous avez dit que Arizona était un mensonge, — voici les titres de propriété. — Vous avez dit que nous n’irions pas aux mines, voici un traité qui démontre que trente mille rations sont rassemblées au Saric, à quelques lieues de la Sierra ! Vous m’avez calomnié, Monsieur ! vous avez égaré l’esprit de vos camarades ; vous avez menti sur tous les points ! Comme chef de l’expédition, je vous chasse d’une compagnie dont vous n’êtes pas digne ; — comme homme, j’exige de vous des excuses formelles, ou une réparation les armes à la main. Choisissez !

» Vous devinez la suite, mon ami ; D…, expulsé avec quelques autres pratiques de son genre, la compagnie se retrouva plus forte, plus unie, plus disciplinée qu’avant cette épreuve. . . . . . . . . . . . .

Nous avons dit que les expédients pour multiplier les retards avaient été poussés jusqu’à l’absurde. Nous allons citer une seule manœuvre entre mille ; elle donnera la mesure de la bonne foi et de la loyauté de l’administration mexicaine.

Les subsistances destinées à la compagnie avaient été, comme l’annonçait M. de Raousset, réunies dans une ancienne mission nommée El-Saric, à soixante-quinze lieues nord d’Hermosillo. La route en est facile, directe, toujours en plaine. De beaux pâturages, de l’eau, des bois touffus y assurent les meilleurs campements. Le général Blanco voulut forcer la compagnie française à passer par Urès, Arispe et Santa Cruz ; c’est-à-dire à parcourir, pour aller au Saric, environ cent cinquante lieues à travers des chemins horribles et des rivières qu’il faut passer jusqu’à trente fois dans une même journée. Dans la saison des pluies, et elle venait de commencer, ces rivières