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Cette lettre du ministre de France passa sous les yeux du général Blanco. Le général persista.

Que s’était-il donc passé entre le 7 avril et le 1er juin ? M. de Raousset le sut bientôt.

Une société rivale de la compagnie Restauradora s’était formée à Mexico et en Sonore pour lui disputer la propriété d’Arizona.

À la tête de cette compagnie était la maison Barron, agissant sous les noms de Forbes et Oceguera.

La compagnie Barron avait contre elle la loi et le droit. Mais au Mexique c’est la moindre des choses. Une ligue fut rapidement organisée et tellement puissante, que la loi et le droit purent être impunément vilipendés à son profit. En tête de la ligue figuraient le général Blanco, M. Cuvillas, gouverneur par intérim, et M. Calvo, vice-consul de France à Guaymas et négociant de ce port.

Quant à M. Aguilar, gouverneur constitutionnel de la province et que nous avons cité parmi les fondateurs de la Restauradora, il avait sans plus de scrupules accepté un intérêt dans la compagnie rivale, trouvant sans doute plus simple de prendre de toutes mains.

Nous ne voulons pas, on le conçoit, nous faire ici l’écho de toutes les accusations qui ont été depuis portées contre chacun de ces messieurs. La lecture des journaux californiens de cette époque est des plus curieuses. En France, un homme serait perdu sans retour avec le quart des imputations de cette presse libre et violente.

La compagnie française avait déjà pris pour l’intérieur des passeports que les autorités de Guaymas lui délivrèrent sans difficulté, avec autorisation de conserver ses armes. Le commandant-général annula ces passeports et