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La masse se composait presque exclusivement d’anciens soldats ou d’anciens marins ; une quarantaine seulement étaient de purs aventuriers, à bout de ressources, d’une soumission douteuse, braves du reste, comme des gens qui ont tout à attendre de l’inconnu.

L’organisation militaire de la compagnie fut rapide : le 1er juin 1852, elle débarquait à Guaymas.

Sa bonne tenue, son allure, son armement charmèrent la population sonorienne. Toute la ville fut sur pied pour recevoir et fêter la petite troupe. Il est très-important de constater que son extérieur militaire ne souleva pas même une observation de la part des autorités. Ne pouvant la recevoir avec des salves d’artillerie, parce que les canons leur manquaient, elles firent sonner les cloches pendant le débarquement. Le soir même et les jours suivants, des patrouilles de nuit eurent lieu sur leur demande. Sur leur demande également, une escorte de soixante hommes accompagna la procession de la Fête-Dieu : quarante coups de canon furent tirés par les Français pendant la cérémonie.

M. de Raousset a raconté avec une grande gaieté son séjour à Guaymas, dans une lettre tout intime, dont nous extrayons les passages suivants. . . . . . . . . . . . .

. . . . . . « Nous voilà donc à Guaymas : mes hommes étaient casernés dans une vaste maison pourvue d’une cour intérieure. (Elles sont toutes ainsi.) Je les réunis et je fis là certainement la meilleure harangue que j’aie débitée de ma vie. Or, si j’en dois croire un feuilleton que j’ai reçu à San Francisco, j’en ai quelquefois prononcé de très-bonnes. Ils sortirent enthousiasmés et burent si bien à ma santé, que deux heures après il eût été difficile de décider quel était le moins ivre. Heureusement le Français a rarement le vin mauvais ; il tourne