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Garanti par un aussi haut patronage, associé à une compagnie mexicaine composée d’hommes respectables, porteur d’un titre légal à une propriété déterminée, assuré d’avance de la sympathie du pays, entouré d’hommes sûrs et résolus, M. de Raousset pouvait, sans témérité, considérer son entreprise comme désormais assurée. Il revint en toute hâte à San Francisco et leva immédiatement une compagnie de deux cent soixante-dix hommes. Depuis longtemps déjà son personnel était choisi, et la besogne fut facile. Dans une lettre curieuse, il a esquissé les profils de quelques uns de ses compagnons :

« . . . . . . . . . Lenoir est un homme d’élite, ancien officier de cavalerie, d’un haut mérite, d’une bravoure à toute épreuve, mais un peu ruiné par de grands malheurs et quelques excès de boisson, ce qui paralyse un peu ses bonnes qualités. . . . . . . . . .

» Lefranc, esprit élevé, tête bien organisée et résolue, croyant comme un fanatique, et confident intime de mes projets les plus hardis…

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» Fayolle, imagination exaltée, de l’esprit jusqu’au bout des ongles. Il avait été capitaine dans la garde mobile, viveur à Paris, acteur en province, brocanteur, pâtissier, marchand de fleurs, tout ce qu’on voudra ! Il disait n’avoir jamais mangé de sa pâtisserie, parce qu’elle était trop sale. . . . . . . . . . . . .

» Garnier, autrefois homme du monde, joli garçon, garçon d’esprit. Il avait été, comme moi, chasseur à San Francisco, puis briquetier, charbonnier, bûcheron. C’était un homme froid et plein d’énergie…

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» Martincourt, Henaut, Blachot, tous trois officiers de la garde mobile, des gens sûrs et dévoués ; Barchet, ex-maréchal des logis d’artillerie ; Blanc, vieux sergent-major, qui avait douze ans d’Afrique ; Taillandier, ex-adjudant, joli garçon, toujours coquet et de joyeuse humeur ; un véritable enfant de Paris. . . . . . . . . . .