cisco. Mais, en revanche, il put se vanter à bon droit de connaître le pays, rancho par rancho, et de savoir les noms de ses moindres recoins.
De Monteray à San José, le chemin n’est qu’une lande immense et désolée. M. de Raousset se sépara de la petite caravane et alla seul, en avant, en éclaireur. Un grand désappointement l’attendait à San Francisco ; grâce à l’arrivée du bétail[1] américain, grâce surtout à l’annonce de nouveaux convois, les vaches valaient à peine 25 et 30 piastres ! C’était trois mois de fatigues, de dangers et de rude labeur complètement perdus. Décidément M. de Raousset n’avait pas la main heureuse pour le commerce : il rejoignit ses compagnons à San José et raconta piteusement l’état des choses. La déconvenue était grande, mais on s’était donné trop de mal pour pouvoir se contenter de rentrer, tout juste, dans l’argent déboursé. À Stokton, qui est l’entrepôt des mines du Sud, le placement avantageux était certain, disait-on. On partit pour Stokton, et ce long voyage s’allongea encore de quinze jours. Là enfin, vendu directement aux gens des placers, le troupeau fut d’assez bonne défaite ; mais, en somme, la spéculation sur les vaches et les veaux du Mexique fut plus pittoresque que lucrative. C’était encore de la fantaisie.
- ↑ Cette préférence pour le bétail américain est des plus concevables. Une vache mexicaine est toujours plus ou moins sauvage : pour la traire, il faut la lasser, lui attacher les pieds de derrière et permettre à son veau une forte prélibation. La vache américaine, au contraire, est un animal domestique.