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Mon cœur en désespéré
Court la prétentaine,
Qui peut savoir si j’irai
Jusqu’à la trentaine !
Mais que l’avenir soit gai
Ou qu’on me fusille
Baisez-moi, Camille, ô gué !
Baisez-moi, Camille !

Bien que les travaux littéraires de Gaston de Raousset ne remontent pas tous à cette même époque, on nous pardonnera de les grouper ici, pour n’avoir plus à y revenir.

Le journal la Presse a publié il y a quelques mois un roman que tout le monde a lu, et qui, en dehors de la curiosité toute spéciale qu’éveillait son nom déjà célèbre, a eu un très-franc et très-légitime succès. Ce roman, œuvre hâtive[1], d’une composition un peu lâchée, sans grands effets dramatiques, se recommande par un style vif, élégant et souple, une grande sûreté de manière et une rare franchise psychologique. Gaston s’est peint à grands traits dans ce jeune Langenais, ruiné si vite, dernier représentant d’une race finie, revenant, épris d’idées nouvelles, heurter de front les préjugés augustes qui bercèrent son enfance et dont son âge mûr a secoué le joug. Tout en trouvant une éloquence entraînante pour

  1. Aux termes de la lettre dont M. le comte de Pontmartin nous a honoré le 9 novembre dernier, Une Conversion aurait été écrit en dix-sept jours !