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s’échappa des mains qui le retenaient, et, s’acculant dans un coin, les poings fermés et les yeux flamboyants :

— Osez me toucher ! s’écria-t-il d’une voix dont l’énergie étonna tout le monde.

Il avait alors à peine sept ans.

Les domestiques le redoutaient et l’avaient caractérisé d’un mot :

— M. Gaston, disaient-ils, c’est un petit loup !

On lui obéissait comme à un homme. Un jour, il avait donné un ordre dont un domestique ne crut pas devoir tenir compte ; Gaston furieux chassa le domestique. Celui-ci, comme on pense, ne se tint pas pour congédié, et, le lendemain, il se retrouvait en présence de son jeune maître. Gaston, pâle de colère, le saisit par le bras, le traîna par devant Mme de Sariac et demanda impérieusement comment il se faisait que cet homme fût encore dans la maison.

— Parce que je commande seule ici, lui répondit sévèrement la grand’mère.

— Vraiment ? dit Gaston, eh bien ! alors, il vous faut choisir entre Baptiste et moi, car s’il ne sort pas d’ici, j’en sortirai !

On n’attacha aucune importance à ce propos, et Baptiste fut conservé.

Le lendemain, à l’heure du déjeuner, on appela en vain Gaston ; il était parti selon sa promesse ; l’alarme fut grande ; on le chercha dans tout le pays, et on ne le retrouva que le soir à trois bonnes lieues du château, sur la route de Toulouse.

Ce ne fut pas sa seule escapade.

Quand son père vint le chercher pour le conduire au