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XVII

Le samedi 12 août, à quatre heures du matin, le colonel Campuzano entra dans la capilla suivi de l’assesseur et du greffier. M. de Raousset dormait profondément.

Il s’éveilla en sursaut :

« Faut-il partir ? demanda-t-il en se frottant les yeux. »

— Non, senor conde, répondit le colonel. Vous avez encore une heure à vous ; nous venons remplir une dernière formalité. »

Pendant que les scribes verbalisaient, M. de Raousset s’habilla tranquillement. Le soleil venait de se lever ; la matinée était magnifique, l’air embaumait de senteurs tropicales. On entendait déjà confusément le bruit de la ville, les tambours battaient aux champs, et les clairons du fort sonnaient la diane. M. de Raousset mit une certaine coquetterie dans sa dernière toilette : il peigna avec soin ses beaux cheveux et choisit sa plus fine chemise. Il achevait de manger un morceau de volaille froide, lorsque le révérend don Oviédo parut.

« Ah ! vous voilà, merci, mon Père, dit M. de Raousset, vous le voyez, le bon Dieu me gâte ; il fait un temps superbe ! »

Il s’entretint quelques minutes avec le prêtre. Le colonel rentra ; avant même qu’il n’ouvrit la bouche, le comte le prévint :