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« P. S. Tu trouveras, ci-jointe, une copie de ma sentence. Tu verras que je suis condamné comme conspirateur et révolté, mais qu’elle ne renferme pour moi aucun terme flétrissant. Cette sentence doit être assimilée à une condamnation politique. M. Calvo, agent consulaire de France à Guaymas, a été parfait pour moi dans mes derniers instants. Il ma donné des marques d’intérêt dont je lui suis reconnaissant.

» Je dois ajouter pour l’honneur de ma mémoire, et M. Calvo, ainsi que tous ceux qui ont eu connaissance du procès, peuvent l’attester, que j’ai refusé de répondre à toute question relative à d’autres que moi. Je n’ai pas dit une parole qui ait pu faire élever sur qui que ce soit l’ombre d’un soupçon de complicité. Il n’en est pas de même des malheureux pour qui je me suis dévoué. Sur douze hommes du bataillon qui ont été interrogés, dont quatre officiers : le commandant, l’officier comptable et deux capitaines, onze ont essayé de se disculper à mes dépens ; un seul, nommé Bazajou, a répondu convenablement. — Je pardonne à ces ingrats. »


« Guaymas, le 10 août 1854.
« Mon bon frère,

» La personne qui te remettra cette lettre est M. Calvo, agent consulaire de France à Guaymas. M. Calvo m’a donné dans ces derniers jours des preuves d’intérêt dont je lui suis reconnaissant. Il se charge de faire parvenir mes lettres pour toi et quelques personnes à qui j’écris. M. Calvo te donnera sur ma mort les détails que tu désires sans doute connaître, et il pourra t’assurer, de visu, que j’ai franchi ce pas suprême comme il convient à un gentilhomme. Je suis à cette heure en capilla ; M. Calvo t’expliquera ce que c’est. Le curé de Guaymas sort d’ici ; c’est un homme intelligent et doux, un homme comme il en faut pour adoucir ce qu’il y a de trop léonin et d’indompté chez moi. Après demain matin, je verrai flamber la dernière capsule et brûler la dernière cartouche. Mes dernières heures ne devaient être que calmes, et grâce