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ils se promenèrent par la ville musique en tête. La plus grande partie de la population et la majorité même des officiers de l’armée étaient loin de partager ces sentiments hostiles. Par la noblesse de son caractère, par sa vaillance et aussi par son malheur, le comte avait conquis des sympathies ardentes. Il fut hautement question, dans des lieux publics, de soulèvement en sa faveur. Sur l’instance de quelques habitants notables, le major Roman, consul américain, promit sa médiation amicale.

N’ayant aucun titre pour agir de son chef, M. Roman envoya à deux reprises un négociant de la ville, M. Coindreau, près de M. Calvo, pour le décider à faire une démarche commune auprès du gouverneur général. À chaque visite, le vice-consul de France se contenta de répondre qu’il ne pouvait rien, que la justice devait avoir son cours, etc.

Le major Roman, désespéré de cette inaction, se rendit en personne au consulat de France : ses efforts réitérés ne purent vaincre l’inexplicable résistance de M. Calvo. L’impression produite par cette conduite du consul fut généralement pénible, encore aujourd’hui elle sert de texte à d’amères récriminations.

Le soir de sa condamnation, M. de Raousset fit appeler M. Pannetrat et resta avec lui une demi-heure environ. L’excellent homme fondait en larmes, et ce fut à celui qui allait mourir de le consoler. Il s’occupa avec sollicitude de mille petits détails et lui fit avec le plus grand calme ses recommandations dernières.

Jusqu’à une heure avancée de la nuit, il écrivit des lettres à sa famille et à ses amis des deux mondes. Puis il se coucha et dormit six heures de suite.