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généreux envers ceux mêmes qui le chargeaient. Il dédaigna de se défendre.

Quand le jeune capitaine eut achevé son plaidoyer chaleureux, M. de Raousset parut ému un instant. Il prit la main de son défenseur et la serrant énergiquement :

« Merci, lui dit-il, vous m’avez défendu comme je désirais l’être. Je suis trop pauvre pour reconnaître convenablement ce que je vous dois ; acceptez ceci et gardez-le en mémoire de moi ! »

Et détachant sa bague chevalière, à ses armes, il la passa au doigt de M. ****, trop ému pour lui répondre une parole.

Cinq minutes après, l’arrêt était rendu. Le comte Gaston de Raousset-Boulbon, déclaré conspirateur et révolté, était, à l’unanimité des voix, condamné à être passé par les armes[1].

M. de Raousset sourit à cette lecture, salua ses juges, et, avec le plus grand calme, rentra dans sa prison.

Le lendemain matin, il fut mis en chapelle.

La condamnation du comte de Raousset, bien que prévue par tout le monde, détermina dans la ville la manifestation de sentiments très-divers. Les gardes nationaux vainqueurs du 13 juillet, et les gardes nationaux vaincus d’Hermozillo, se signalèrent par l’explosion de leur joie ;

  1. Un incident marqua la lecture de la sentence : M. Martineau, Espagnol, interprète officiel du gouvernement, se refusa nettement à lire l’arrêt au condamné. Il prétendit que son estime pour le comte était trop grande et qu’il était trop sûr du repentir des juges eux-mémes. Il fut destitué séance tenante.