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n’en marchèrent pas moins très-résolûment au pas de charge. M. de Raousset, en tête de la 2e et 3e compagnie, se porta contre la caserne mexicaine. La 1re compagnie prit à gauche et la 4e gagna l’hôtel de Sonore par les jardins.

Le feu s’ouvrit presque simultanément sur quatre points à la fois. Les Mexicains ripostèrent du haut des terrasses, et leur artillerie balaya la grande rue qui conduisait à leur quartier général. La confusion se mit dans les rangs français. Le commandant Desmarais perdit la tête et se replia avec quelques hommes sur son quartier, Un désordre indicible s’ensuivit. Vainement M. de Raousset essaya-t-il de reformer les rangs, pendant qu’une quinzaine de francs tireurs décimaient les artilleurs mexicains sur leurs pièces. La débandade était générale : soldats, officiers, n’obéissaient plus qu’à leur propre inspiration ; il y eut des actes d’héroïsme et des actes de lâcheté insignes. Pendant plus de deux heures, la fusillade retentit sans faiblir, mais aussi sans ensemble. Jamais M. de Raousset, malgré ses exhortations énergiques, ne put réunir plus de vingt hommes pour se porter en avant ; il comprit en ce moment la faute qu’il avait commise en refusant le commandement en chef, et résolut de se faire tuer plutôt que de fuir.

Faute de servants, les canons mexicains venaient de se taire. M. de Raousset tenta un dernier effort.

« À la baïonnette ! » cria-t-il, et il se précipita en avant la carabine au poing. Quelques hommes le suivirent. M. de Raousset s’élança sur le mur d’enceinte de la caserne, et de là, exposé à tout le feu des Mexicains, il cria une dernière fois : En avant ! Son chapeau fut criblé