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du gouverneur. Nommez une députation, demandez au gouverneur des otages comme garantie morale, des canons comme garantie matérielle ; demandez le désarmement de ces bandes qui s’amoncellent autour de nous. Rien de plus juste ! Si le gouverneur refuse, c’est qu’il veut la guerre ! Eh bien ! en ce cas, nous ferons la guerre ! Nous aurons la victoire de Guaymas pour pendant à la victoire d’Hermozillo ! »

Une députation fut nommée par acclamation, et aussitôt tout le monde se replia sur la caserne française. Une heure après, la députation revint : le gouverneur avait refusé de la recevoir.

« Faites former le bataillon en carré, » dit M. de Raousset d’une voix brève au commandant Desmarais. L’ordre s’exécuta rapidement, M. de Raousset se mit au centre ; l’émotion, l’anxiété de tous étaient arrivées à leur comble.

« Mes amis, s’écria M. de Raousset d’une voix vibrante, je ne viens ici peser sur la volonté de personne. Vous êtes complètement libres de prendre le parti qu’il vous plaira, mais vous comprenez comme moi qu’il faut prendre un parti. Voulez-vous devenir des soldats mexicains, régis par le code militaire mexicain, soumis au bâton, sans solde, sans avenir ? dites-le ; il est inutile de verser une goutte de sang pour cela… bas les armes !

» Voulez-vous, au contraire, rester dignes de ce glorieux nom de Français que vous portez, résister à une oppression injuste, revendiquer votre droit, maintenir votre nationalité violée ? haut les armes, en ce cas ! haut les armes ! Mais décidez-vous. Le temps des hésitations est passé ! Que voulez-vous faire ? »