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antérieurs fut dressé par les officiers du bataillon et apostillé par le vice-consul de France[1] : on attendit avec anxiété.

  1. Cette pièce a trop d’importance pour que nous omettions de la citer ; la signature du vice-consul lui donne d’ailleurs une force légale. Elle établit péremptoirement que jusqu’au 13 les Français n’ont fait que repousser des agressions multipliées.
    « Monsieur le consul,

    « En présence des regrettables événements qui viennent de se passer dans la ville de Guaymas, le bataillon français, représenté par ses officiers, croit devoir vous adresser l’exposé des faits suivants :

    » Arrivés il y a trois mois, sur la foi de vagues promesses dont la réalisation a été loin de répondre à notre attente, nous avons conservé, au milieu d’une population prévenue contre nous, hostile peut-être, le calme, la fermeté, la dignité, premier devoir des Français. Nos vœux étaient de rendre par notre intelligence, notre travail, au prix même de notre sang, notre bien-être personnel solidaire du bien-être du pays. Quelques malveillants, aveuglés par un égoïsme intéressé et s’abritant sous de faux semblants de nationalité, se sont, depuis notre arrivée, donné la mission de semer entre nous et la population des ferments de haine et de discorde ; menaces, provocations directes, rien ne leur a jusqu’ici coûté pour chercher à nous faire sortir des bornes de la modération que nous nous étions imposée.

    « Devinant le but de ces ténébreuses menées, nous nous sommes contentés de les signaler, à plusieurs reprises, à l’attention des autorités supérieures.

    « Sous la pression de la panique qu’ils s’étaient plu à entretenir depuis si longtemps, ils sont parvenus à donner lieu, la nuit du 11 juillet, à une manifestation armée contre nous, manifestation que les autorités, par une méprise que nous regrettons, ont semblé autoriser par leur présence.

    « Toute la journée du 11, les munitions qui restaient dans le fort avaient été transportées au quartier général. Des ordres spéciaux avaient convoqué la garde nationale en armes dans ce quartier, qui, quelques heures plus tard, renfermait les notabilités commerciales et administratives, ainsi que les familles fallacieusement alarmées.