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attendre. — Depuis la découverte de mes projets, la peur a fait sur ce gouvernement ce que n’avait pu obtenir la persuasion. On s’est décidé à faire aux Français de Californie des propositions dont vous appréciez certainement le vrai motif et le but ; je doute que vous vous portiez garant de leur sincérité. En ce qui concerne la colonisation mexicaine, permettez-moi de vous rappeler la lettre que j’eus l’honneur d’écrire à M. le ministre de France le 1er juillet 1852. Si mes projets personnels causent quelques inquiétudes aux chancelleries françaises, la situation faite aux Français dans le Mexique mérite aussi quelques considérations. »

Malgré cette protestation, M. de Raousset fut mis officiellement hors la loi mexicaine, et cet événement mit à néant ses dernières espérances. Les traités conclus furent annulés ; personne ne voulait plus entrer en relation d’affaires avec un homme mis hors la loi !

Tout semblait désespéré, lorsqu’une dernière chance de salut fut offerte par le gouvernement mexicain lui-même.

Dans le but de paralyser l’action du comte, en le privant de ses soldats, le consul mexicain venait de recevoir l’ordre d’engager deux à trois mille Français, comme colons militaires en Sonore. Faire partir par l’intermédiaire du consul, à son insu, aux frais du gouvernement mexicain lui-même, tous les Français qui devaient concourir à son expédition, c’était un coup de la Providence : c’eût été une faute énorme de n’en pas profiter. M. de Raousset s’occupa activement de réunir son monde. Ses gens allèrent en grand nombre se faire inscrire sur les listes du consulat, et quelques jours après, huit cents hommes, commandés par M. Lebourgeois Desmarais et Martincourt (ancien officier de la première expédition), s’embarquèrent sur le Challenge.