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le savez, et j’en appelle à votre témoignage. Un mois après mon arrivée à Mexico, déjà désabusé sur la valeur de ces promesses familières au gouvernement mexicain, et qui jamais n’aboutissent à rien, je vous écrivis à vous-même afin de déclarer ma résolution de retourner en Californie. Le Président me fit aussitôt de nouvelles propositions, et j’eus la simplicité de croire à leur bonne foi. Un traité fut discuté et approuvé en conseil des ministres, ce qui était de sa part comédie et mensonges.

» Il me fut fait aussi des propositions toutes personnelles, et il ne me convint pas de les accepter. En consentant à aller à Mexico, je n’étais pas préoccupé de mes seuls intérêts ; beaucoup de braves gens avaient été, comme moi, spoliés en Sonore ; ce n’était pas seulement ma propre affaire, c’était la leur que j’entendais traiter avec le général Santa Anna.

» J’ai donc passé quatre mois à Mexico, toujours à la disposition du gouvernement mexicain, me bornant à écouter ses propositions, toujours promené de projets en projets, de paroles en paroles, n’espérant pas beaucoup, mais voulant, avant de me résoudre à agir en ennemi, épuiser toute patience pour obtenir une juste réparation aussi convenable aux intérêts du Mexique qu’à ceux de mes compagnons. L’Universal m’accuse d’ingratitude ; en vérité, j’aimerais à savoir ce qui m’obligeait à la reconnaissance, et si, tout au contraire, ne motivait pas mon ressentiment.

» Veuillez, Monsieur le chargé d’affaires, consulter vos souvenirs, ils vous rediront nos conversations : « Que le gouvernement mexicain traite avec moi, je le servirai fidèlement ; mais s’il m’a fait venir ici pour me jouer, c’est un affront dont je me vengerai certainement. » Tel est le langage que je vous ai tenu, non pas une fois, mais souvent. Permettez-moi de vous rappeler que j’ai eu l’honneur de vous dire à plusieurs reprises : « Jusqu’au dernier moment, c’est-à-dire jusqu’au jour où j’aurai pris les armes contre lui, il sera temps pour le général Santa Anna de traiter avec moi. » J’ai poussé la franchise jusqu’à parler dans le même sens au consul mexicain lors de son arrivée à San Francisco. Il me répugnait d’en venir à de violentes extrémités ; j’espérais une