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tiles, ses mines enfouies, ses frontières murées : il faut périr ou marcher avec les siècles.

» Ici, des milliers de Français languissent dans la misère. Anciens soldats pour la plupart, n’ayant pas l’habitude du travail, n’exerçant aucun état, ils ne servent de rien dans la société californienne, et cependant ils peuvent rendre au monde entier un service signalé en ouvrant à l’industrie de tous les peuples ce pays fermé qui certainement n’a pas son rival sur le globe.

» S’agit-il de recommencer les invasions du moyen-âge, de voler et de massacrer, de crier : Væ victis, et d’établir un servage ? Non, certes ! Cet abus de la force serait encore dans nos mœurs qu’il n’est pas dans mon caractère. Mes hommes auront une solde et des terres ; chaque individu se trouvera classé selon sa valeur dans la patrie nouvelle. Ils portent avec eux la prospérité et non la désolation. Le peuple de Sonore le sait bien : il est pour moi. Contre moi, j’ai les grands propriétaires : l’oligarchie qui pressure cet infortuné pays, qui trouve son compte dans l’exploitation des pauvres diables, et qui voit dans l’introduction d’un élément plus éclairé la fin de sa puissance.

» Oui, mon idée est grande, noble, pleine de promesses ! Elle a mieux que l’attrait d’un roman, que l’éclat d’une aventure. Mais on ne sacrifie guère d’argent à une idée. Y pensez-vous ? un résultat qui n’intéresse que l’humanité ? Passez votre chemin, mon brave ; on ne peut rien ici pour vous !… Oh ! cette vente ! si elle était réelle pourtant !… Je n’en dors plus !

Pour comble de malheur, à ce moment même, une partie de la correspondance de M. de Raousset avec les ennemis de Santa Anna était livrée par un misérable au gouvernement mexicain. Si nous ne donnons pas ici le nom de cet homme, c’est seulement à cause de l’honorable famille à laquelle il appartient. C’est un Français, hélas ! et un vieillard à cheveux blancs !

Le gouvernement mexicain publia cette correspon-