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revoir. Ces vaines négociations avaient duré quatre mois.

On conçoit facilement à quel degré d’irritation M. de Raousset en était arrivé. Le désir de se venger du général Santa Anna s’empara de lui au point de lui faire perdre de vue pendant quelque temps la Sonore, sa préoccupation constante. Il se lia avec les généraux mécontents et devint l’âme d’un complot. Il risqua sa tête : une main mystérieuse l’avertit à temps du péril qu’il courait. Le Dictateur, instruit de tout par un des conspirateurs mêmes, devait le faire arrêter le lendemain, malgré son sauf-conduit. Il était minuit quand l’avis de cette arrestation parvint à M. de Raousset. Sans perdre aucune minute, il sauta à cheval, sortit de la ville et partit seul, à franc étrier, à travers les plaines. À l’aube, il était déjà à quinze lieues de Mexico.

À peine de retour à San Francisco, M. de Raousset se remit à l’œuvre avec une ardeur farouche. Au désir d’accomplir de grandes choses, se joignait le désir de venger une insulte. Chaque jour, des lettres arrivaient de Sonore, présentant le pays comme à bout de patience et n’attendant que son débarquement pour se soulever. M. de Raousset fit des efforts inouïs : les hommes étaient prêts, mais l’argent manquait toujours. Il se consumait sur lui-même et son impuissance l’exaspérait. Ce qu’il dépensa d’énergie, d’éloquence, d’habileté pour amener un résultat, ne saurait se dire. Par moments, un découragement profond s’emparait de lui, mais à la moindre lueur entrevue, il retrouvait toute sa patience, tout son courage, toute son obstination. On ferait un livre avec le récit de ses tentatives de tout genre.

Ses lettres, on le pense bien, sont loin d’être des