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» À ce point de vue, je n’ai rien à désirer ; tout mon monde est trouvé et il est déterminé, ou jamais hommes ne le furent en ce monde. Si je le voulais, j’aurais ici quatre à cinq mille hommes en moins de quinze jours !

» Dès mon arrivée ici, nombre d’Américains sont venus me voir, me faire des propositions, et je fus presque tenté. J’ai résisté à la tentation. En allant avec des Américains, je perdais mon prestige aux yeux des Sonoriens, car ils détestent leurs voisins du nord. Je n’ai pas voulu me faire l’agent d’une idée qui m’appartient et dont je veux rester le maître. J’ai refusé ces propositions, et je conserve à cette entreprise le cachet individuel que je lui ai donné. Je sais que j’en augmente ainsi les difficultés ; mais si je réussis, je compte, par la même raison, en augmenter l’éclat et les conséquences. . . . . . . . . . . Le moment est bon ! »

Le moment était bon en effet. Jamais peut-être l’état intérieur de la république mexicaine n’avait été plus fait pour justifier des espérances hardies et des projets téméraires.

Du gouvernement, l’anarchie était passée dans les provinces. L’insurrection éclatait de tous côtés : dans l’État de Guerrero, dans le Sinaloa, dans le Durango, les commandants généraux tenaient la campagne. Le président Arista n’avait plus guère pour lui que Mexico, et encore à tous moments s’attendait-on à un soulèvement général. Partout l’impôt était refusé.

Le Président recula devant une lutte impossible, et le 6 janvier 1853 il donna sa démission.

M. Batista Céballos, porté à la Présidence provisoire par une faction assez puissante, put à peine garder le pouvoir pendant un mois. Le 6 février, il était remplacé par le général Manoël Maria Lombardini, homme résolu,