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Le 29 octobre, dans l’après-midi, la colonne n’était plus qu’à trois lieues de Guaymas ; elle campait au rancho de Jesus-Maria. Un négociant français vint apporter à M. de Raousset une lettre de l’agent consulaire de France. Dans cette lettre, M. Calvo priait instamment M. de Raousset de ne pas aller plus loin, de voir le général et de tâcher de faire avec lui un traité qui pût empêcher une plus longue effusion de sang. Le général, de son côté, manifestait le même désir.

Si M. de Raousset n’eût pas senti que les progrès de sa maladie allaient lui rendre impossible la continuation d’un commandement que nul ne pouvait suppléer, il eût fermé l’oreille à toutes les propositions, surtout quand elles étaient transmises par M. Calvo. Il ne fût entré en pourparlers qu’après avoir pris à Guaymas la forte position qu’il venait y chercher. Les circonstances furent plus fortes que sa répugnance.

Il se fit donc porter à San José de Guaymas, à deux lieues de son camp.

Le général s’y trouvait avec une centaine de cavaliers et de fantassins, seuls débris qu’il eût conservés de ses troupes régulières. Une entrevue publique eut lieu ; on y échangea des phrases polies, des protestations banales ; on se borna de part et d’autre à déplorer que les choses en fussent venues à ce point. On se sépara sans rien conclure.

Ce fut le dernier acte de M. de Raousset ; le soir même, il tombait dans une prostration physique absolue ; la dyssenterie était arrivée à son plus haut période de malignité, et pendant trois semaines il se débattit entre la vie et la mort.