Page:La Madelène - Le comte Gaston de Raousset-Boulbon, sa vie et ses aventures, 1859.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les premiers. Un grand silence se fit ; les Français s’avancèrent froidement, et à peine à portée essuyèrent une vive fusillade, partie du faîte des maisons et des jardins qui les environnent.

— En avant, mes amis ! cria M. de Raousset, vive la France !

Une décharge violente lui répondit et la colonne se déploya en tirailleurs. L’artillerie, marchant du même pas que l’infanterie, ne s’arrêtait que pour charger et tirer. En avant du pont dont nous avons parlé, une maison carrée, isolée et plus élevée que les autres, formait la tête des avant-postes mexicains. La compagnie, entraînée par son ardeur, oubliant toute prudence, s’élança au pas de course et culbuta les avant-postes à l’arme blanche. L’ennemi n’eut pas même le temps d’évacuer la maison carrée ; les hommes qui l’occupaient furent faits prisonniers. Le pont passé immédiatement, on entra dans la ville.

Du haut des terrasses, des jardins enclos, des fenêtres, du fond des caves même, les Mexicains tiraillaient presque à bout portant. Cinq pièces d’artillerie chargées à mitraille balayaient les rues en feu plongeant ; les Français n’en avancèrent pas moins au pas de course, culbutant tout devant eux ; leur élan fut irrésistible ; en moins d’une demi-heure, ils occupèrent les deux tiers de la ville.

Pendant ce temps, la cavalerie du général qui caracolait au loin, sur la droite, était dispersée par M. Lenoir, chargeant à fond, malgré la fatigue extrême des chevaux. La vaillance audacieuse des Français déconcerta toutes les mesures du général ; malgré le petit nombre des