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derrière elle. Les bagages, les munitions formaient un train considérable ; ce train et les animaux qui le composaient furent enfermés dans une maison isolée, et surmontée d’une terrasse. Une section de vingt hommes prit position dans ce poste, qui avait l’avantage de commander la route et de protéger les derrières de la colonne, menacés par trois cents Indiens. On se débarrassait ainsi de tout ce qui pouvait gêner la liberté d’action. L’artillerie, dételée, était tirée à bras ; la cavalerie fut envoyée en avant, afin de reconnaître les dispositions de l’ennemi. Il était temps encore, le commandant général pouvait éviter un combat.

M. Lenoir, de retour avec ses cavaliers, annonça que la ville était en état de défense ; des cris frénétiques lui répondirent. La bataille allait donc s’engager ! Après tant de sacrifices faits pour la paix, l’instinct militaire reprenait ses droits sur les Français.

Hermosillo compte environ douze mille âmes ; il est entouré de jardins fermés par des murs et des haies qui permettent de se replier de poste en poste et de défendre à chaque pas rétrograde une position nouvelle. Sur la route par où débouchait la compagnie, un fossé large et profond couvre la ville dans toute son étendue. On ne peut y pénétrer que par un pont, à la tête duquel se trouvaient les avant-postes ennemis.

Déjà l’on distinguait parfaitement les uniformes des soldats ; les armes étincelaient au soleil, sur les terrasses des maisons ; l’ennemi, malgré sa supériorité numérique, demeurait à couvert derrière des murailles. M. de Raousset marchait en tête, à cheval. Par un dernier scrupule, il avait défendu à ses hommes de tirer