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À la vue de ces indices d’un combat prochain, la compagnie s’exaltait. Elle n’ignorait pas que l’ennemi l’attendait dans une position excellente, et qu’il était six fois plus nombreux. L’enthousiasme éclatait dans tous les regards ; elle marchait au combat comme à une fête ; les chants commencés au départ ne s’éteignirent que dans la fusillade.

À huit heures du matin, on était à deux lieues de la ville. Deux parlementaires attendaient M. de Raousset. Ils étaient envoyés par D. N. Navaro, qui remplissait à Hermozillo les fonctions de préfet après la désertion de ce poste par D. F. Rodriguez. La mission des parlementaires était d’entraver, par un semblant de négociation, la marche de la compagnie. On espérait ainsi donner le temps au général, arrivé depuis quelques heures, de prendre ses dispositions, de se fortifier, de reposer ses soldats, en un mot, de doubler ses avantages déjà si grands.

Les parlementaires étaient M. Camou, négociant français, et M. Ortis, juge de première instance, créature du gouverneur Cuvillas. M. de Raousset, après avoir écouté leurs propositions, tira froidement sa montre. Il était huit heures.

— Répondez à M. Navaro, dit-il d’une voix éclatante, que j’entrerai dans deux heures à Hermozillo, et qu’à onze heures précises je serai maître de la ville, si la ville est défendue !

Une immense clameur d’enthousiasme accueillit ces paroles ; les parlementaires se replièrent, et deux heures après Hermozillo n’était plus qu’à une portée de canon.

La compagnie, en quittant le Saric, n’avait rien laissé