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Chaque année des fêtes, célèbres dans le pays, réunissaient au pueblo de la Madelaine plusieurs milliers de personnes accourues de tous les points de la Sonore. On était à la veille de ces fêtes, et la Madelaine touche presque à San Lorenzo. Profiter de cette occasion pour mettre la compagnie en relation avec la Sonore entière, c’était répondre par des faits aux calomnies infatigables dont les Français se voyaient poursuivis par leurs adversaires. Le 30 septembre, la compagnie campait à la Madelaine.

Les fêtes se poursuivent du 1er au 4 octobre. L’affluence n’y fut pas moins grande que dans les années précédentes. La présence des Français n’effrayait personne. Leur camp, dépouillé de tout aspect hostile, s’ouvrait aux promeneurs ; la plupart des Sonoriens de distinction venus à la fête voulurent le visiter ; les dames surtout en faisaient un but de promenade ; elles venaient s’asseoir volontiers sous la tente de celui qu’on appelait un chef de pirates ; leur sympathie n’était pas indifférente dans un pays ou l’influence de la femme est incontestable. Pendant ce temps-là, les Français se mêlaient dans la ville à la foule des Mexicains ; la plus grande harmonie régnait entre les deux peuples ; pas une querelle ne s’éleva pendant les quatre jours que durèrent les fêtes. Ces faits ont leur éloquence[1].

  1. C’est à ce séjour à la Madelaine que se rapporte la lettre suivante, écrite par M. de Raousset à M. le comte Edme de M., et que nous donnons en note pour ne pas ralentir le récit. Cette lettre prouvera, au besoin, que si nous eussions voulu faire une histoire romanesque, les matériaux ne nous auraient pas manqué.

    « . . . . . . . . . . . . . . . . . . Et puis tant de choses me préoccupent ; tant de soins divers m’obligent à une acre et persistante activité