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CONTES DROLATIQUES
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me permettra de dire que le jugement des jeunes filles manque d’autorité ; d’ailleurs elle était fière, et ce n’est pas elle qui eût pu faire les premières démarches pour se rapprocher de lui.

II


— Pas plus qu’un coq à la broche !
C’est alors que dame Bertrande conçut un projet qui n’était vraiment pas à l’honneur de sa délicatesse ; mais les mères sont impitoyables en ces questions. Voyant son fils dépérir d’amour pour Izoline, elle lui dit un jour :
Le noble Baron prenait des airs vainqueurs.

— Que cette demoiselle qui te tourmente si fort n’est-elle la veuve du baron des Engrumelles ! Elle serait riche alors et tu la pourrais épouser.

Adalbert eut, malgré lui, un haut-le-cœur.

— Y pensez-vous, ma mère ! donner celle que j’aime à un autre et attendre patiemment le trépas de celui-ci ! car vous ne me proposez pas de l’assassiner, je suppose !

— Ta ! ta ! ta ! que les voilà bien, les emportements de la jeunesse !
Le Cortège nuptial.
D’abord le baron, qui s’est beaucoup fatigué autrefois, ne saurait vivre longtemps. Et puis tu sais fort bien qu’il te rendra sa veuve, en même temps que le dernier soupir, dans l’état où il l’a prise.

Je ne vois donc pas ce que tu y auras perdu, et je vois à merveille ce que tu y gagneras : l’immense fortune du baron qui te permettra de faire bonne figure à la cour, et d’y devenir peut-être un des familiers du roi. Pourquoi ne serais-tu pas, un jour, sénéchal de la province ?