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affinité des langues. Peu après paraissait (1806) le Mithridate d’Adelung, fondé en partie sur Hervas, en partie sur des listes de mots recueillies sous les auspices du gouvernement russe et pub’iées dans le Glossaire comparatif de Catherine II. Hervas et Adelung avaient travaillé dans le plan dé Leibniz, qui était le bon ; et ils fournissaient à la philologie naissante l’instrument de ses merveilleux progrès.

André LEFÈVRE.

(La suite au prochain numéro.)

EE ——

LA SCIENCE SACRÉE

(SUITE).

1° QUESTION. — Dieu peut-il être démontré ?

1° 11 semble impossible de démontrer Dieu. En effet, la croyance en Dieu est un article de foi ; or, ce qui est de foi ne peut se démontrer puisque la démonstration est un moyen scientifique qui contraint notre raison, tandis que, comme le dit saint Paul ! Hebr. XI) : la foi a pour but d’établir ce qui est dénué de toute apparence. Donc Dieu ne peut-être démontré.

2° On ne peut démontrer une chose qu’en partant de ce qu’elle est ; or, suivant saint Jean Damascène (de Orthod. fid., lib. 1, cap. 4) : « Nous savons de Dieu, non pas ce qu’il est, mais seulement ce qu’il n’est point. » Donc on ne peut démontrer Dieu.

3° Si Dieu était démontrable, ce ne pourrait être que par ses effets ; mais Dieu est infini et ses effets sont finis. Or, la cause ne pouvant être démontrée par des effets en disproportion avec elle, et, n’y ayant aucune proportion du fini à l’infini, il est clair qu’ici l’effet est en disproportion avec la cause. Donc Dieu ne peut-être démontré.

Mais c’est le contraire, puisque l’Apôtre dit aux Romains, ch. I, vers. 20 : « Ce qu’il y a d’invisible en Dieu, ses créatures nous l’ont fait connaître. »

Baron DE PoNNar.

(La suite prochainement.)

Se

À M1. Regnard, rédacteur de la Libre Pensée.

Paris, le 42 février 4867.

Monsieur,

Le numéro d’avant-hier de la Zibre Pensée, nommant diverses personnes qui ont assisté à la célébration purement civile de votre mariage, me comprend par#erreur dans ce nombre. La vérité est que je n’ai point été présent à cette célébration, et la vérité. doit être dite avant tout. Je m’étais proposé d’y assister, mais j’en ai été empêché. Si donc je n’y ai pas été de corps, j’y étais d’esprit et de cœur. Rien n’est plus rare que les hommes sachant tirer les conséquences de leurs opinions et y conformer leurs actes. Combien de prétendus libres penseurs nous donnent aujourd’hui le triste spectacle de ce manque de logique et de courage ! Vous n’avez pas voulu suivre leur exemple et je vous en félicite. Je tenais d’autant plus à vous rendre ce témoignage que nos principes respectifs, concernant certains points fondamentaux de philosophie religieuse,

diffèrent davantage, ainsi que le savent les lecteurs de la Zibre Pensée, à qui vous jugerez sans doute utile de communiquer cette lettre.

Je vous prie, Monsieur, d’agréer l’expression de mes senti ments distingués.

P. LARROQUE.

—it——

La Faculté de médecine vient de compléter son personnel par la nomination de six professeurs : MM. Axenfeld, Vulpian, Hardy, Broca, Lasègne et Sée. Sauf le nom de M. Gubler, que nous regrettons de ne pas voir figurer sur cette liste et celui de M. Lasègne qui fait ombre au tableau, ces choix sont parfaits. Tous, ou à peu près, ont donné des gages de leur affranchissement du joug de la routine et du passé, et nous ne dou tons pas que cette infusion d’un sang jeune et vigoureux ne redonne bientôt à la chaire des Cabanis et des Broussais l’éclat qu’elle avait perdu, malgré les efforts de quelques hommes insuffisants, non par le talent, mais par le nombre.

Nous en avons pour garants les cris furibonds des feuilles cléricales, et en particulier de la Revue médicale, cette vieille tannière du spiritualisme aux abois, sans excepter l’Union (de M. Latour), la douairière de l’éclectisme et du doctrinarisme en médecine.

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Nous avons à signaler à nos lecteurs un excellent petit livre intitulé le Mariage libre et signé par M. Paul Lacombe. Le caractère de notre journal ne nous permet pas d’aborder toutes les questions si graves que soulève et traite cet opuscule, écrit avec une verve ardente er une impitoyable logique. Mais ce n’est pas seulement par le côté légal que M. Lacombe prend l’institution du mariage, c’est aussi par le côté philosophique et moral, et, à ce titre, son livre nous appartient. M. Lacombe prouve que le contrat solennel de mariage « par lequel les époux s’obligent réciproquement à des devoirs moraux, » n’est pas d’ordre publie, parce que le pouvoir social « ne peut rien pour assurer l’exécution de ces engagements. » Il établit ensuite, et c’est là l’idée-mère qui inspire sa brochure, que la vraie fin du mariage est la tiliation, le devoir envers l’enfant. 11 démêle avec beaucoup de sagacité l’influence des idées ca= tholiques sur ce point, et il écrit cette phrase qui rentre si bien dans nos doctrines : « Il a paru moins funeste qu’on abandonnât ses enfants que de les procréer en liberté, On a prouvé par là qu’on aimait mieux qu’on vécüt selon la chasteté que selon la justice. C’est là ce que j’appelle penser en religieux, et j’ajoute, penser faussement. La Justice, même dans ses devoirs les plus aisés, l’emporte en utilité, en dignité, sur ce que l’abstinence a de plus utile et de plus méritoire en apparence. » M. Lacombe expose ensuite ses idées de réforme sur tous ces problèmes que nous ne pouvons aborder : divorce, recherche de la paternité, forme du contrat, reconnaissance des enfants naturels, ete. 11 nous suffit de les indiquer pour laisser.entrevoir tout l’intérêt que mérite ce très-solide et très-indépendant ouvrage,

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Nous acceptons l’échange avec toutes les publications pé riodiques de la PRET) e l’étranger. 7