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152 L'ÉCOLE FRANÇAISE DE VIOLON

autres des dames de Marquette, pour y enseigner à danser aux demoiselles pen sionnaires1 ».

On rapprochera cette assertion du fait que, de 1718 à 1725, l’état des acteurs qui interprétèrent l’opéra français au théâtre de Lille mentionne, parmi les « choristes de la danse », un certain Hanot qui, vraisemblablement, se confond arec notre musicien2. La délibération que nous visons plus haut dit encore que François Hanot est « maître des ballets qui se font dans les tragédies des collèges des RR. PP. Jésuites et Augustins » de Lille.

Hanot professait donc, dans diverses maisons d’éducation, le violon, la danse et les belles manières ; il trouvait, cependant, le temps de composer pour son instrument, car, vers 1740, il publiait à Lille son premier œuvre, Sei Sonate a flauto traverso o violino solo e basso continuo, qu’il dédie à Louis, baron de Roll, d’Emmenholtz, etc., officier au régiment de Witmer3.

Gravé à Rotterdam par Alexis Magito, ce recueil se vendait chez ce dernier et chez l'auteur « à Lille, en Flandre ».

Alors que ni son père ni son frère cadet ne sollicitèrent le titre de « bourgeois », François Hanot acheta la bourgeoisie, le 7 avril 1741, ainsi qu’en témoigne le Registre aux Bourgeois de Lille4, bien qu’à cette époque il fût fixé à Tournai. Faisant droit à sa requête de 1742, la ville de Tournai, en effet, lui accordait une pension de 200 florins au lieu de celle de 300 florins qu’il demandait ; il pouvait alors s’intituler : « Pensionné de la ville et cité de Tournay. »

C’est là le titre qu’il prend sur son œuvre II, Six Sonates pour un violon seul, ou flûte traversière avec la basse continue, qu’il met au jour en 1745, après avoir reçu, le 1er juillet, un privilège de douze ans pour des « Sonates, trios et autres pièces de musique instrumentale 5 ».

Hanot dédiait son nouvel ouvrage au comte de Saint-Ggnois6, qui appartenait à une ancienne famille de Tournai, et qui, de 1721 à 1749, remplit diverses charges dans la magistrature de cette ville. En 1745, Saint-Genois était « Grand Prévôt de la ville et cité de Tournay », et voici en quels termes Hanot lui offrait ses sonates :

« Monsieur,

« La protection que votre bon goût accorde aux arts et aux talens m’engage à vous offrir ce petit ouvrage, foible production de mon génie ; daignez l’accepter comme l’unique gage de mon zèle, trop heureux si, dans des moments de loisir,

1. Registre des délibérations des Consaux. N° 259, f* 18vo. Délibération du 30 janvier 1742 (Arch. de la ville de Tournai). Le pensionnat des dames de Marquette se trouvait dans l’abbaye cistercienne de Mar- quette, à une lieue de Lille, abbaye fondée, en 1226, par. la comtesse Jeanne de Flandre ; il disparut lors de la Révolution. 2. L. Lefebvre : Le Théâtre à Lille au dix-huitième siècle. La salle de la rue de la Comédie {1702-1787), 1906, p. 45. 3. Cet ouvrage se trouve au Conservatoire de Bruxelles, S. 5549 [Catalogue Wotquenne, t. II, p. 252). — Nous en donnons ci-après, le titre :

  Sei Sonate a Flauto trauerso o violino Solo e Basso continuo, dedicate all’ lllustrissimo signore Luigi, Baronne di Roll, de Emmenholtz, etc.,  Ufficiale nel Reggimento de Witmer, dal sua  umilissimo servo Fracesco Hanot, Opera prima. Gravée par Alexis Magito. 
 Chez l’Auteur à Lille, en Flandre, Alexis Magito à Rotterdam. 

4. Registre aux Bourgeois de Lille, n» 11, f° 48.

5. Michel Brenet, La Librairie musicale en France, p. 443. 
6. La famille noble de Saint-Genois de Grand Brencq est représentée en Flandre, en Brabant et en Silésie ; elle portait les titres de comte et de baron. Voir Rietstap, Armorial général, t. II, p. 649.